
La recherche scientifique et la science en général jouent un rôle essentiel dans notre société. L’une des priorités de Patrick Mottard est de faire de Nice une véritable ville universitaire (voir les 110 propositions de « Nice Autrement » et les précisions dans la catégorie « Enseignement Supérieur et Recherche »).
L’une des mesures phares concernant la recherche et l’Université sera la mise en place d’un Conseil Scientifique auprès de la mairie. Il sera représentatif de l’ensemble des champs disciplinaires présents dans la recherche à Nice et comprendra également des représentants de la recherche privée.
Une expérience de ce type a été menée depuis quelques années à la mairie de Paris.
« Créé en 2002 par décision du Maire de Paris, le Conseil scientifique est une instance d’expertise et d’évaluation destinée à éclairer les décisions municipales dans les domaines qui relèvent de ses champs de compétences : recherche, enseignement supérieur, technologie, culture scientifique et technique. Composé d’une trentaine de membres, de femmes et d’hommes français et étrangers, issus de la recherche publique et de l’entreprise, le Conseil scientifique désigné rassemble des personnalités reconnues et respectées au sein de la communauté scientifique (…). Ainsi, le Conseil peut identifier certaines activités scientifiques dont le développement à Paris présente un intérêt majeur pour la capitale. Il peut également proposer au maire de Paris des moyens visant à encourager leur installation, leur développement ou encore à faciliter le débouché d’innovations technologiques porteuses. »
Source : http://www.paris.fr
Le Conseil Scientifique de la Ville de Paris a ainsi présenté plusieurs rapports, concernant les transports, les antennes téléphoniques relais, la création ou la rénovation de plusieurs instituts de recherche, la promotion de la culture scientifique mais aussi les relations entre universités, entreprises et emploi.
Nous avons demandé au Professeur Alain Fischer, Directeur d’une unité de Recherche à l’INSERM et Chef du service « Unité d’Immunologie et d’Hématologie pédiatriques » à l’Hôpital Necker de Paris, quelle avait été son expérience en tant que membre de ce Conseil Scientifique.
Comment s’est déroulé votre travail au sein de ce conseil ?
Le Conseil se réunit en séances plénières deux à trois fois par an, mais il y a plusieurs groupes de travail ad hoc qui ont été constitués. Ainsi beaucoup de travail est effectué hors séance plénière. J’ai participé à plusieurs rapports, évaluations de projets, notamment dans le cadre du soutien de nouvelles équipes de recherche dans le secteur des sciences de la vie et en santé, ainsi qu’à une mission d’expertise sur les antennes relais de téléphonie mobile. Un sous-groupe a travaillé sur ce sujet délicat pour lequel la Mairie avait besoin d’un éclairage scientifique sur la dangerosité éventuelle des ondes électromagnétiques émises par ces antennes. Notre rapport a été rendu après auditions et examen de nombreux documents, il a conclu au fait qu’il ne paraissait pas justifié de modifier le plafond d’émission. Nos conclusions ont fait l’objet de discussions au sein du Conseil de Paris et avec les associations.
Ce qui est remarquable au sein de ce conseil c’est sa diversité, le fait qu’il soit à parité hommes/femmes selon le souhait du Maire et la présence de plusieurs membres étrangers, qui sont très présents aux séances plénières. Ils apportent une expérience et une richesse de reflexion de qualité.
Parmi les propositions du Conseil Scientifique, y en a-t-il une particulièrement intéressante à vos yeux ?
L’une de nos propositions, créer une Maison de la Science à Paris autour de la question de la culture scientifique, a été reprise dans le programme de Bertrand Delanoë pour les prochaines élections municipales. La Mairie a par ailleurs entrepris un programme important de constructions et de rénovation de logements pour l’accueil d’une part d’étudiants, d’autre part de jeunes chercheurs et de collègues étrangers. Cet effort est sans précédent, mais les besoins encore importants. En parallèle, la mairie a également développé un programme d’accueil de chercheurs étrangers, dont le séjour dure un an ou moins. Ce programme fonctionne bien et est compétitif, ce qui montre son intérêt.
Par ailleurs, le Conseil Scientifique a été force de propositions dans la promotion de la culture scientifique et technique quand à l’organisation de colloques, débats et expositions destinés au grand public. La Mairie a entrepris beaucoup d’actions dans ce domaine, même si là-aussi on peut souhaiter voir l’action s’amplifier.
Vous considérez donc qu’il s’agit d’une bonne expérience ?
Cette initiative, inédite à ma grande surprise, est remarquable à mon sens. Il me semble qu’un conseil scientifique peut, en restant strictement dans son rôle d’expertise scientifique, aider les élus d’une grande ville dans la prise de décisions dans des domaines très divers, des transports à la politique de l’eau en passant par l’aide au développement de l’enseignement supérieur et de l’innovation. A titre personnel, participer à ce conseil fut une expérience enrichissante faite de débats de haut niveau concernant des questions très variées. Les Maires d’autres grandes villes devraient s’en inspirer.
Vis-à-vis des Universités, y a-t-il une politique particulière de la mairie de Paris ?
Je constate avec satisfaction que le programme du Maire actuel comporte la volonté d’investir de façon très significative pour l’Enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. Dans ce cas, le rôle du projet Conseil scientifique sera encore accru!
Alain Fischer est Directeur de l’Unité INSERM U 429 « Développement normal et pathologique du système immunitaire « , à l’Hôpital Necker/Université Paris-Descartes. Ses travaux de recherche portent sur les anomalies génétiques de développement du système immunitaire, leurs conséquences et leurs traitements dont la thérapie génique. Il est membre de l’Académie des Sciences.